lundi, avril 22, 2019
Saisons : il n’est pas de
fatalité
Soigner, c’est laisser être
jeudi, avril 18, 2019
On demande des gardiens de phare.
"Vos mères vous ont dit que les phares sont là pour éclairer l'océan; n'en
croyez rien, ils sont là pour dire aux marins où ils sont."
On prête la phrase à Tabarly, qui tenait ces mots de son professeur de
navigation. La devise du marin au long cours disparu en mer peut nous
inspirer dans notre quête de définition de ce que sera le médecin
généraliste de demain. Un marin perdu est un naufragé en puissance, et
les gardiens de phare n'ont eu de cesse au fil des siècles de conquérir,
voire d'apprivoiser ces cailloux isolés et massacrés par les déferlantes. Ici
comme ailleurs, la machine a progressivement remplacé l'être humain, et
la présence rassurante pour les marins d'un homme, oublié comme eux
au milieu de la tourmente des flots déchaînés, se fait rare: si les phares
guident toujours les navigateurs, le plus souvent ils n'abritent plus de
gardien.
Quel rôle est appelé à jouer le médecin généraliste dans le futur, pour
quelles nouvelles fonctions doit -il être formé? Sera-t-il, comme ces
derniers "allumeurs de réverbères" maritimes, contraint à s'effacer
progressivement devant une technologie médicale de plus en plus
performante? Ou au contraire, modestement, contre vents et marées, être
à l'image de ces hommes qui inlassablement illuminent l'océan pour offrir
une route aux voyageurs et assurer une présence rassurante pour leurs
patients, oublié comme eux au milieu de la tourmente lorsque le corps se
dérobe et que les examens techniques spécialisés se multiplient. C'est le
rôle qu'a joué le médecin depuis la nuit des temps, mais force est de
reconnaître que la somme des contraintes risque d'éloigner
progressivement les disciples d'Esculape de leur fonction première.
Les témoignages, questions, confidences et doutes qui assaillent patients
et praticiens forment la trame des pages que vous allez découvrir. Lues à
livre ouvert, à coeur ouvert, elles vous permettront de découvrir
progressivement une profession qui s'interroge sur son avenir. La
reconversion est parfois rude pour ces hommes et ces femmes qui
croyaient qu'ils (ou elles) éclaireraient l'océan et qui acceptent bien plus
modestement de dire aux patients naufragés de la vie où ils en sont,
fonction tout aussi fondamentale à défaut d'être prestigieuse. Puissent les
réflexions suscitées par ces instantanés de vie, découverts au fil des
écrans, servir d'outil de communication et de découverte d'une fonction
souvent méconnue, parfois injustement décriée, réconciliant la technologie
médicale hospitalière et les artisans du possible que sont les praticiens de
première ligne.
CV
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http://www.icampus.ucl.ac.be/claroline/document/goto/index.php/FICHES_THEMATI... 7/11/2006
dimanche, juin 19, 2016
Danser avec les elfes
"Un jeune paysan tombe amoureux d'une fille arrivée pieds nus dans son village. Sa grâce et son rire l'ensorcellent. Il doit lui promettre en l'épousant de ne pas chercher à savoir d'où elle vient et de la laisser, une fois l'an, disparaître seule quelques jours. Il respecte son vœu. Ils sont heureux. Des enfants leur naissent leurs vaches vêlent chaque année, leurs récoltes sont belles. Un jour pourtant, la curiosité vient à le tarauder. Il n'y tient plus: il la suit en catimini dans la forêt. Il la surprend qui danse avec les elfes, ses sœurs. Mais, par ce serment rompu, il la perd: elle se dissout dans un chiffon de brume." Dans l'étreinte la plus amoureuse, c'est un être libre avec sa part de mystère qu'on tient dans ses bras.
Christiane Singer.
Lu dans :
Christiane Singer. Les âges de la vie. Albin Michel. 1984. 214 pages. Extrait pp 168 169
jeudi, juin 16, 2016
Carl Vanwelde wants to share "Folder 2016 Secured.pdf'' with you
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mardi, janvier 15, 2013
Le ipatient
"La grande découverte médicale des dix prochaines années sera celle de la main."
Le ipatient, par Abraham Verghese
Je me demande, dit en substance Abraham Verghese, médecin et écrivain, si le patient réel n'est pas devenu une simple image du patient virtuel, celui dont le cas est discuté ailleurs par un groupe d'experts réunis devant un écran. Le patient réel on ne l'a pas touché au moment du diagnostic, on ne le touchera pas quand il mourra. Il est seul pendant qu'on s'anime autour de son double virtuel, que Verghese appelle le ipatient.
Je donne ainsi l'essentiel d'une remarquable conférence que chacun peut entendre sur TED, qui n'est pas le premier lieu au monde, Verghese lui-même nous le rappelle, où l'on puisse s'attendre à ce que l'humain soit réhabilité face à une technique dont on regrette la démesure. Verghese raconte d'abord l'histoire d'une patiente traitée pour une maladie cardiaque, dont on découvre, in extremis, qu'elle a une grosse tumeur à chaque sein et que les métastases ont gagné l'ensemble de son corps. Une simple palpation, qui n'a jamais été faite, aurait permis de détecter ces tumeurs et de les traiter quand la guérison était encore possible.
Depuis qu'on a remplacé l'examen clinique traditionnel par des tests, les erreurs médicales de ce genre sont fréquentes, soutient le docteur Verghese, professeur à Stanford, précision qu'il donne lui-même pour écarter toute accusation de luddisme. Pour illustrer l'importance de l'attention sensible, concrète au patient, Verghese raconte aussi une leçon d'un professeur réputé appelé Bell lequel avait tiré profit d'une histoire de Conan Doyle. Une dame se présente dans le bureau du professeur. Elle lui dit bonjour, ce qui permet à son interlocuteur de reconnaître un accent qui caractérise une région précise du voisinage d'Édimbourg.
Vous venez de tel endroit madame », demande-t-il à la dame
-Oui , répond-elle un peu étonnée.
-Et ensuite vous avez pris un raccourci pour vous rendre ici, vous avez traversé le jardin botanique ».
Le professeur avait remarqué une glaise jaunâtre à ses pieds, preuve qu'elle avait marché dans le seul endroit où une terre de cette couleur existe, le jardin botanique.
Il lui dit enfin : « Vous travaillez n'est-ce pas à l'usine de linoléum?
- Oui »
Il avait remarqué sur ses mains une maladie de la peau fréquente chez les travailleurs de cette usine. Il commença alors l'examen. La patiente lui avait déjà accordé toute sa confiance.
Ce professeur avait accompli à la perfection ce qui, aux yeux de Verghese, est un rite ayant des racines profondes dans les cultures. L'accomplissement de ce rite, à propos duquel il emploie des mots comme transcendance et métamorphose est essentiel à ses yeux. À la fin de sa conférence, il lit un passage de l'un de ses livres écrit au moment où le sida entraînait une mort rapide. Dans ce passage, il évoque le geste d'un sidéen mourant qui plonge sa main dans sa chemise, comme pour inviter le professeur à le palper. C'était un geste d'offrande, conclut le docteur Verghèse.
Le toucher thérapeutique fait ainsi des remontées périodiques, sans avoir réussi jusqu'à ce jour à réduire la distance entre le ipatient et son double alité, mais le témoignage du docteur Verghese est d'une qualité telle qu'il a peut-être raison quand il dit que la grande découverte médicale des dix prochaines années sera celle de la main.
http://encyclopedie.homovivens.org/documents/le_ipatient
mardi, novembre 11, 2008
Raconter des histoires
Le malheur
marche au bras du bonheur
Le bonheur
couche au pied du malheur
Lao-Tseu
Note : En guise de conclusion, qu'il me soit permis de revnir brièvement sur le pouvoir curatif de la parole, suppport de réconfort et de guérison. La force des mots simples du Cantique nous interpellait hier. A ceux que la vie a meurtri irrémédiablement, qui ne se considèrent même plus dignes d'être l'ombre de leur chien, elle permettra une remise en perspective, pareille à la loupe qui concentre la lumière pâle et froide d'un début de printemps en un foyer lumineux et incandescent : tout homme, même réduit au stade d'épave ultime, demeure la promesse qu'il fut dans sa jeunesse, et porte en lui les germes d'un avenir que nul ne connaît. La trajectoire d'un humain ne s'arrête pas au jour de sa mort. Quelques récit à raconter au coin du feu, ou assis au bord du lit à ces patients déchus, les aideront peut-être à matérialiser cette notion abstraite, et à leur redonner une lueur d'espoir.
Nietzsche
Chaque nouveau livre lui coûte un ami, chaque ouvrage une relation. Peu à peu le dernier et faible brin d'intérêt qui s'attachait à ses actes s'est gelé: d'abord il a perdu les philologues, puis Wagner et son cercle spirituel et enfin ses compagnons de jeunesse. Il ne trouve plus d'éditeur en Allemagne; la production de ses vingt années, accumulée sans ordre dans une cave, pèse soixante-quatre quintaux; il est obligé de recourir à son propre argent, celui qu'il a difficilement épargné ou celui qu'on lui a donné, pour continuer à faire paraître ses livres. Mais non seulement personne ne les achète: même lorsqu'il les donne, Nietzsche, à la fin, n'a plus de lecteurs. De la quatrième partie de Zarathoustra, imprimée à ses frais, il ne fait tirer que quarante exemplaires et il ne voit, parmi les soixante dix millions d'habitants de l'Allemagne, que sept personnes à qui il puisse l'envoyer, tel lement, à l'apogée de son œuvre, il est devenu étranger, inaccessiblement étranger à son époque. Personne ne lui accorde une miette de crédit, ne lui sait le moindre gré.
Proust, Freud
C'est un peu cela qu'avait connu Proust lui-même, au début, quand il avait commencé d'écrire la Recherche. « Bientôt je pus montrer quelques esquisses. Personne n'y comprit rien » Son livre, comme on sait, fut unanimement refusé par les éditeurs, avant d'être édité chez Grasset à compte d'auteur. « Qu'est-ce que tout cela vient faire? Qu'est-ce que tout celasignifie?» avait conclu Madeleine, le lecteur de chez Fasquelle à qui avait été confié son manuscrit3. Freud, présentant à la Société viennoise de Psychiatrie et de Neurologie ses premiers travaux sur l'hystérie, s'était heurté, lui aussi, à l'incompréhension ironique de ses collègues.
Spinoza
Spinoza avait demandé à son ami Louis Meyer de veiller à ce que l'Éthique fût publiée après sa mort sans nom d'auteur, comme si la référence à un individu, à un moi quelconque, eût risqué d'en affaiblir la portée. L’Éthique parut parmi les œuvres posthumes sous les initiales B. de S. Non tant par prudence, que pour délier ce texte, longuement élaboré, du moi en travail qu'il était censé délivrer.
Beethoven
Au fond, toutes ces accusations croisées manquent leur cible et ne font que manifester l'emprise qu'avait l'alcool sur Beethoven .et son entourage immédiat, tout particulièrement à la fin de sa vie. L'alcool aida Beethoven à vivre. Il l'aida sans doute également à mourir au moment où l'échec de sa relation avec son neveu Karl devint irréversible, et signa la faillite de l'identification paternelle. L'alcool scella en effet le destin du compositeur, dans un véritable rôle de bascule, en permettant pendant de longues années de. supporter d'intenses souffrances psychiques et somatiques, puis en précipitant vers la fin l'issue fatale. Quelques détails de cette évolution terminale méritent d'être décrits. On y trouve Beethoven dans un état critique, . avec les symptômes alarmants d'une inflammation des poumons: son visage tait brûlant, il crachait le sang, larespiration menaçait de l'étouffer, et son violent point de côté ne lui permettait de prendre u'une position douloureuse sur le dos . Premiers symptômes de décompensation ascitique? Varices oesohagiennes ? Pneumopathie aiguë? Rien ne permet de trancher. Après un traitement énergique, ces troubles aigus disparaissent, Beethoven s'asseoit cinq jours plus tard, puis se lève, arrive à lire et à écrire au bout d'une semaine. Mais il ne s'agit que d'une rémission de courte durée, qui signe en fait l'apparition du syndrome
ictéro-ascitique, et même de l'anasarque qui devait l'emporter. (..) Tremblant et frémissant, il se tordait de douleurs qui intéressaient l’estomac et les intestins; et ses pieds qui, jusque-là, n'étaient que légèrement tuméfiés, s'enflèrent énormément.
Tchekhov
Quelques heures avant la première représentation de LaMouette, ce découragement avait pris des proportions telles que Tchekhov hésitait à se rendre au théâtre. Le spectacle était donné au bénéfice de l'actrice comique Levkeieva, très aimée du public populaire . Elle n'apparaissait que dans la comédie en trois actes qui devait succéder à La Mouette sur la scène, mais de nombreux spectateurs avides de rire s'étaient dérangés pour elle. Aussi, quand le rideau se leva sur les personnages rêveurs et désabusés de Tchekhov, la salle, stupéfaite, se rétracta, se figea. On n'était pas venu pour cette pénitence. Lorsque Véra Kommissarjevskaïa entama le monologue de Nina: «Hommes, lions, aigles et perdrix, cerfs cornus, poissons silencieux », il y eut un éclat de rire, suivi de huées et de sifflets. A la fin du premier acte, de maigres applaudissements se perdirent dans les vociférations haineuses. Au deuxième acte, le charivari devint assourdissant. Les spectateurs hurlaient de rire aux moments les plus pathétiques et tournaient le dos à la scène pour bavarder entre eux. Désorientés, paralysés, hagards, les acteurs oubliaient leur rôle et jouaient dans le vide. A l'entracte, au foyer, écrivains et journalistes, émoustillés par l'insuccès d'un confrère trop célèbre, se répandaient en propos fielleux: « Symbolisme de camelote! » « Pourquoi ne se contente-t-il pas d'écrire des nouvelles? » De l'avis unanime, on n'avait jamais vu un pareil four sur une scène russe. A la fin du deuxième acte, Tchekhov, épouvanté, avait quitté la salle pour se réfugier dans la loge de Levkeieva.
Les deux derniers actes ne firent que précipiter le désastre. Le public était un océan déchaîné. Dès la fin de lareprésentation, Tchekhov s'échappa du théâtre, le col de son manteau relevé, le dos rond, comme un voleur. En traversant la foule, dans le hall, il avait entendu un petit monsieur indigné s'écrier: « Je ne comprends pas les directeurs de théâtre. C'est une insulte de
monter une pièce pareille! » Il alla souper seul au restaurant Romanov, puis marcha jusqu'à l'épuisement dans les rues enneigées de Saint-Pétersbourg. Pendant ce temps, sa sœur et Lika, très éprouvées elles-mêmes, l'attendaient dans leur chambre d'hôtel où il avait promis de les rejoindre après le spectacle. A mesure que les minutes passaient, les deux femmes s'abandonnaient à l'angoisse. Alexandre, qui , courait la ville à la recherche du fuyard, revint bredouille et griffonna un mot à l'intention de son frère: « Je ne connaissais pas ta Mouette avant de l'avoir vue ce soir, au théâtre: c'est une pièce merveilleuse, excellente, pleine d'une psychologie profonde' et de réflexion, une pièce qui touche le cœur. » A une heure du matin, comme Tchekhov n'avait pas reparu, A deux heures du matin enfin , Tchekhov regagna son domicile. « Même si je vis cent ans, je ne donnerai pas d'autre pièce de théâtre. Dans ce domaine, je n'essuierai que des échecs 1. »
Note : en début de cette semaine (janvier 06), la pièce a été montée à Paris et ovationnée par un public enthousiaste.
mardi, novembre 07, 2006
histoire de patient
Y a t'il autre chose Madame? Ben oui, je sais que j'ai un excès de poids mais c'est bien difficile à gèrer tout cela et d'ailleurs, je me rends compte que je mange tout le temps à mon travail. Et j'apprends alors qu'elle est assistante sociale concernée par le placement d'enfants et que, régulièrement, elle est confrontée à des situations douloureuses voire inextricables et que celles-ci la touchent, l'émeuvent et rendent son travail difficile.
Elle évoque alors la souffrance de ces familles décomposées, recomposées, déstructurées, détruites par des comportements inadéquats hérités d'histoires familiales qui se répètent ou sont simplement absentes...
La consultation se termine et la patiente spontanément s'interroge sur la pertinence d'une psychothérapie pour chercher le sens de tout cela, la place de son travail dans sa vie, la question du plaisir, les interrogations sur le temps qui passe si vite, les relations construites au fil du temps... Le médecin écoute et intervient dans ce temps suspendu où la patiente a dévoilé son questionnement lié de toute évidence à un problème clinique...
Dominique Pestiaux
lundi, mars 20, 2006
Car-wash et précarité ou la médecine debout ?
C’est un mercredi après-midi. Il est 15h30, j’ai fini mes visites à domicile et comme j’ai un peu de temps avant mes consultations du soir, je décide de passer au car-wash avec ma voiture.
A peine engagé dans celui-ci, mon GSM sonne : un appel de mon secrétariat m’informant d’une demande de visite à domicile pour une dame qui a « une grosse fatigue et est encombrée au niveau respiratoire » (sic).
Je ne pense pas reconnaître le nom de cette patiente comme appartenant à ma patientèle habituelle et effectivement , la secrétaire me répond qu’il s’agit d’une patiente du Dr X. Je lui demande de recontacter cette patiente pour savoir pourquoi elle ne fait pas appel à son médecin habituel. Quelques minutes plus tard la réponse arrive : le Dr X.. est absent ce jour. Mon irritation première persiste : s’il est absent, il ne m’a pas demandé de le remplacer ! Sorti entre-temps du car-wash, je compose le numéro du Dr X. : un répondeur signale effectivement qu’il est absent ce jour et remplacé par le Dr Y dont je compose alors le numéro de téléphone. Las ! un nouveau message enregistré annonce un changement de numéro de GSM et se poursuit par une description assez compliquée quant à la façon de joindre le Dr Y…… Bref, je ne suis pas plus avancé et toujours aussi irrité : j’y vais ? j’y vais pas ? Une « grosse fatigue » ne justifie pas une visite en urgence mais un « encombrement respiratoire » m’inquiète un peu plus. L’ anonymat de la prise d’appel d’un secrétariat ne me permet pas d’apprécier le caractère réellement urgent de cette demande de visite à domicile et je décide finalement de m’ y rendre, m’épargnant un 3e appel téléphonique au secrétariat à qui j’ai oublié de demander le n° de téléphone de cette patiente (ou qui ne me l’a pas communiqué)
Nouveau coup de téléphone au secrétariat car je ne trouve pas le nom de la patiente sur l’alignement des sonnettes du hall de l’immeuble dont par ailleurs l’éclairage ne fonctionne pas. Ah oui, elle a aussi donné un autre nom ! Finalement, je sonne et monte au 2e étage de cet immeuble où je suis reçu par une dame d’environ 30 ans, apparemment eupnéique, qui me fait entrer dans une pièce encombrée de piles de vêtements et de caisses, dénuée du moindre siège sur lequel s’asseoir ; seul un matelas assez douteux est présent dans un coin de la pièce.
La visite commence donc debout ! Des explications assez confuses de la patiente, je retiens finalement :
- qu’effectivement elle se plaint de fatigue, de toux et d’une sensation d’oppression respiratoire depuis quelques semaines !
- qu’elle habitait la localité auparavant, qu’elle a déménagé l’an passé suite à sa séparation d’avec son mari pour aller épouser un autre homme en France
- qu’elle est revenue récemment en Belgique suite à un appel au secours de sa fille restée ici
- qu’elle est donc en train de réemménager dans la localité
- qu’elle est occupée à effectuer diverses démarches au CPAS. J’ apprends alors, au décours de cette anamnèse qu’elle avait effectivement appelé le Dr X… puis le Dr Y. ce matin, que ce dernier est passé à domicile pendant que la patiente était …..au CPAS et que, assez furieux, il avait ensuite refusé de passer une seconde fois.
- Et que donc, au CPAS, on lui a renseigné mes coordonnées, d’où l’ appel « classé urgent » de cet après-midi !
- Qu’elle a eu toutes les peines du monde à trouver un médecin : « comment se fait-il qu’il soit si difficile de trouver un médecin à Wavre un mercredi après-midi ? » (re-sic)
Vous imaginez sans peine que mon irritation est loin d’être retombée ! Je lui fais part de mon étonnement qu’elle se déplace au CPAS mais qu’elle ne puisse se rendre au cabinet du médecin ». Pas de réponse.
Je lui propose alors de l’ examiner et cet examen, effectué debout, se révèle tout-à-fait rassurant. Je le lui dis. S’ ensuit alors une discussion autour de la cause de ses symptômes : « Mais qu’est-ce que j’ai alors ? » Je lui réponds que mon examen est rassurant (pour moi du moins et encore, jusqu’à un certain point étant donné les conditions dans lequel je l’ ai effectué), que je ne vois pas de signes de maladie et qu’il est bien possible que la situation difficile dans laquelle elle se trouve est de nature à l’ avoir « oppressé » et fort « fatiguée ».
La patiente ne semblant pas convaincue, je souligne combien nous sommes dans des conditions difficiles pour travailler et que ces conclusions ne sont que provisoires et mériteraient d’être reprises à l’ aise au cabinet de consultation de son médecin traitant.
Je lui réitère combien je suis sensible à sa situation et combien il est d’autant plus nécessaire de reprendre tout cela à l’ aise et dans de bonnes conditions.
Un traitement symptomatique minimal est alors prescrit ainsi qu’un arrêt de travail de 2 jours afin qu’elle soit en règle avec son employeur et qu’elle puisse trouver le temps de retourner le lendemain chez son médecin traitant, le Dr X..
La visite se termine par le paiement. « Pouvez-vous me régler le montant des honoraires ? » « Ca dépend, c’est combien ? » « 31 Euros » « Quoi , tant que ça ? » Je lui propose, si elle a des difficultés, de me donner une vignette de mutuelle et de ne s’acquitter sur place que du ticket modérateur . Suit une recherche laborieuse et finalement, au bout de plusieurs minutes, infructueuse, de la fameuse vignette de mutuelle. Je mets alors doucement mais fermement fin à la visite en réclamant le montant des honoraires qu’elle me paie en espèces.
Après lui avoir rappelé de reconsulter son médecin traitant, je prends congé, finalement très mécontent de moi, ayant l’impression d’ avoir eu tout faux du début à la fin.
Le lendemain, je téléphone au Dr X…., supposé être le médecin traitant, qui me remercie pour mon coup de fil mais……..ne semble pas retrouver cette patiente dans son fichier !
Quels enseignements peut-on tirer de cette histoire ?
- La prise d’ appel peu personnalisée d’un secrétariat utilisé sur abonnement montre toutes les limites d’un tel système pour apprécier le degré d’urgence d’un appel à domicile.
- Le cadre de travail et la nécessité de bien le définir est de la première importance. Idéalement, ce cadre devrait faire l’objet d’une négociation et d’une convergence entre médecin et patient. On aurait pu imaginer, dans le cas qui nous occupe, que je commence par vérifier avec la patiente si le cadre dans lequel nous étions « forcés » de travailler nous permettait de réaliser un vrai travail médical. Peut-on envisager qu’en tant que médecin, j’aurais pu dire quelque chose comme : « Ecoutez, je crois que nous ne sommes vraiment pas dans de bonnes conditions pour une consultation. Je vous propose de revenir demain à mon cabinet. Qu’en pensez-vous ? » Mais nous sommes en même temps encombrés par un « surmoi médical » qui nous enjoint de « répondre à tous les appels ».
- La visite à domicile nous apprend à la fois dans quelles conditions vit cette patiente tout en nous empêchant parfois d’exercer correctement notre métier. Dans ce « donné à voir » mis aussi brutalement sous les yeux du médecin, n’ y-a-t-il pas quelque chose qui, jusqu’à un certain point, est de nature à bloquer le nécessaire travail de la pensée de celui-ci ?
- Sans doute inconsciemment, la patiente, en m’introduisant ainsi dans le désordre de son appartement , me donne à voir aussi le « désordre » voire le désarroi de son parcours de vie. Un tel rapprochement pourrait effectivement lui être exprimé mais ceci nécessite souvent l’établissement préalable d’un lien de confiance, d’un « tissu relationnel », d’une « compagnie d’investissement mutuel » pour reprendre l’expression de Balint (1) : de telles interprétations ne trouvent leur efficacité que si elles peuvent prendre appui sur une relation thérapeutique déjà bien installée. Autrement, elles risquent de n’être vécues que comme des intrusions plus ou moins sauvages dans le monde affectif de la patiente.
- Manifestement, les conditions de précarité de cette patiente sont, d’une certaine manière, retransposées dans les conditions de travail qu’elle « impose » au médecin. Si ceci est délibéré de sa part, il s’agit de manipulation ; si c’est plus inconscient, il appartient au médecin de repérer ce qui se passe et de proposer progressivement au patient une autre manière de travailler. Par exemple, l’ amener à découvrir les possibilités d’aide d’une équipe pluridisciplinaire type « réseau » ou « maison médicale »
- Mais il est parfois illusoire de demander à un patient en détresse psycho-sociale de formuler d’emblée une demande précise vis-à-vis des soignants, de décortiquer tout de suite dans cette demande ce qui est de l’ordre du médical, du soin ou du psycho-social.(2) Ces diverses dimensions sont étroitement impliquées et je pense qu’une partie de notre travail consiste à aider patiemment de tels patients à remettre un peu d’ordre dans leur demande et leur vie. C’est bien parce que cette patiente est dans un flou total qu’elle a du mal à formuler une demande claire et structurée : c’est sans doute trop tôt dans son parcours.
En guise de conclusion
Je vous soumets celle-ci en termes d’hypothèses de travail.
Quand un patient en situation de précarité nous « impose » malgré lui des conditions de travail tout aussi « précaires », le médecin peut être tenté soit par une réaction de résignation (qui redoublerait alors le vécu du patient sans pouvoir l’aider), soit par une réaction de rejet (qui serait plus le témoin de l’ angoisse et de l’impuissance vécue par le médecin). Ces deux « contre-attitudes » ne sont pas aidantes pour le patient et risquent de laisser les deux protagonistes déçus voire amers.
Outre le travail en réseau, une tierce voie serait de considérer ce qui se passe dans la relation médecin-patient comme un symptôme au même titre que les autres.(3), symptôme que le médecin enregistrerait dans sa mémoire et qu’il tâcherait d’exploiter au mieux une fois le lien thérapeutique suffisamment établi avec le patient.
Dr Philippe Heureux
Bibliographie
(1) Michaël Balint, « Le médecin, son malade et la maladie » Payot, rééd. 1988, pp 265-267
(2) Revue Ethica Clinica, n° 40, 2005, « Les patients indésirables », pp 29-30
(3) Balint : « Techniques psychothérapeutiques en médecine », Payot, p 100 : « Si la médecin ressent quoi que ce soit pendant qu’il examine un malade, il doit s’y arrêter et considérer ses sentiments comme des symptômes possibles de la maladie du patient »
mercredi, mars 15, 2006
How not to be a doctor
‘How can I help you?’ I asked. It isn't the way I always open consultations but I was making a teaching video, so I thought I would be conventional for a change. As it turned out, it was a fortunate move. ‘I’m not sure if you really can help me’, the patient answered. ‘I’ve seen lots of specialists, and none of them have managed to help me so far. You see, I keep having these funny turns ...’ Two weeks later, when showing the video to a group of senior house officers, I stopped the recording at this point and asked them to write down the woman's presenting complaint. All ten of them wrote down ‘funny turns.’ They were wrong, of course. The woman's presenting problem was that she wasn't sure if I could really help her. The funny turns were at this point a lesser problem.
There were more shocks in store for the group. I spent almost the entire consultation asking the woman about her experience of other doctors, and what they had got wrong. I listened as dispassionately as I could, without dismissing her catalogue of disappointment or offering any hint that I might do any better myself. In the end I asked her what she thought the doctors ought to have done instead. She told me: a referral for homoeopathy or acupuncture. I asked her which of these she would prefer. She chose the homoeopathy referral, and I said I would arrange this. As she left, I thought she was going to cry with relief.
A number of other doctors in the group came to my defence. Some had realized that I might have looked at the notes in advance, and that I might be willing to trust local colleagues not to make gross errors of judgement. Others had heard the patient mention that she had gone through the mill of extensive and futile investigations several times over. One or two had noticed how the patient gave indications of an aversion to anything remotely suggesting psychological inquiry. A particularly thoughtful doctor pointed out that no intervention was without its risks; at this stage it would probably cause the patient more risk if I started all over again, instead of just doing what she wanted. Yet their sceptical colleague remained unconvinced. How could I have behaved so ... so ... well, so unlike a doctor? I took the question as a compliment.
Of all professions, doctors are almost invariably the most proficient at not listening. Indeed, a friend of mine sometimes describes my educational work in consultation skills as ‘remedial therapy for selective brain damage’. It is a cruel characterization, but I do not entirely object to it. I am struck again and again by how much medical listening—even the kind that sometimes passes for being ‘patient-centred’—falls desperately short of anything that one might expect from an attentive, untrained friend. Many doctors seem to tune out totally from any words or phrases that do not fit the medical construction of the world. In addition, most appear to be extraordinarily timid about going where the patient wants to lead, for fear that this will break some rule, or upset any other doctor who might hear about it.
When it comes to unexplained symptoms, I often observe doctors fall back on an impoverished list of questions such as ‘are you under any stress?’ rather than displaying any true curiosity about the story itself. There are two other common consultation ploys that bring me out in an allergic reaction. One is the question ‘How did you feel about that?’. It is generally asked as the doctor asking leans forward in a theatrical pose of solicitousness, but with eyes glazed over in weary automatism. The question seems to go with a belief that it will elicit some definitional nugget of truth, accompanied by a sublime catharsis on the part of the patient. It arises, I guess, from some ghastly misreading of Freud's more minor followers, but ninety-nine times out of a hundred, it is emotionally bogus. The other manoeuvre that I find equally offensive is the phrase ‘It sounds as if ...’ (as in ‘it sounds as if you’re very upset ...’). Believe me, if it's so bloody obvious that even a doctor has noticed, it usually isn't worth saying.
Lois Shawver, a Californian therapist and teacher whom I much respect, has come up with a wonderful distinction between ‘listening in order to speak’ and ‘speaking in order to listen.’ In the former, you merely scan the words that patients are saying, looking for opportunities to dive in and tell them what is ‘really’ going on. In the latter, you do the opposite: speaking only in order to give them more opportunities to explain their own view of the world. In a post-modern age where the authority of professional knowledge is gradually waning away, Shawver argues that we will have to learn how to speak less and listen more.
In the same vein, the late Harry Goolishian, one of the founders of narrative approaches to psychiatry, offered the advice: ‘Don't listen to what patients mean, listen to what they say!’ Quite simple really, except that we probably still fail to do this, most of the time.
John Launer
QJM 2006 99(2):125-126; doi:10.1093/qjmed/hcl003
vendredi, décembre 30, 2005
Professions de foi - Régine Vandamme
Madame R. et moi, c'est une longue histoire. Longue et imprévisible. Jamais je n'aurais cru en déctochant mon téléphone portable, il y a quatre ans, un matin, qu'il serait si droit le chemin que nous emprunterions, elle et moi. Elle, moi et ses filles, pour être plus exacte. Un chemin sans retour en arrière, sans itinéraire, et au début, sans destination précise. Pourtant, j'y ai mis le pied tout de suite. Le chemin commençait là. Très exactement dans l'entrée étroite et sombre d'un appt 1ch, sdb, cuis, salon/sàm, 13' ét. ascen., à trente mètres du plancher des vaches, emplafonné dans des nuages qu'on aurait dit taillés dans la pierre bleue du pays, face à un parc peuplé d'arbres et d'exhibitionnistes, raides et vieillissants.
Oui, le point de départ de cette histoire, ça a bien été cette toute première visite à Madame R. Plus rien n'a été pareil après. Ni dans sa vie ni dans la mienne. Ni dans la vie rêvée ni dans la vie réelle. y serais-je allée en connaissance de cause? Pas sûr.
Est-ce que je le regrette? Pas sûr. Le sacrifice est à la mesure du bagage trouvé.
Sur le coup, je me rappelle m'être dit: ça passe ou ça casse. Elle vivait dans un écrin cendré où les flocons de poussière tenaient lieu d'animaux de compagnie pas chers à nourrir. Sa vie se déroulait là, la coupant du monde et d'elle-même. À la voir évoluer dans cet espace coincé entre deux étages, serré entre deux appartements, zone grise de stationnement payant à un multipropriétaire plus près de ses sous que de ses locataires, on était en droit de se demander si elle avait jamais fait partie du cosmos et si cette fraction de mètres carrés en cube, qui avait dû être renseignée un jour sur un plan d'architecte, avait la moindre chance de figurer à l'état de point, même microscopique, sur un relevé cadastral.
Ses filles m'avaient instamment priée de la voir, davantage pour avoir un avis médical que dans l'espoir que je puisse agir sur sa réclusion dans l'alcool. Elles avaient raison d'être inquiètes. Raison de croire qu'elles ne pouvaient rien pour elle. Raison de l'aimer malgré tout. Forte de ces raisons-là, j'ai posé ma trousse sur la table ronde couverte d'une nappe que des escarbilles de cigarettes avaient dentelée. J'ai ouvert la baie vitrée pour faire entrer quelque chose de frais dans cet intérieur saturé de fumées de tabac et de cuisson. Et je lui ai souri parce qu'il n'y avait rien à dire. Elle se tenait debout agrippée à une chaise. Les jointures de ses mains, qu'elle avait fines et brunies par un lointain soleil, blanchissaient sous l'effort à faire cesser leur tremblement. Dans ses yeux, l'horizon de la honte dessina des ciels rougeoyants. J'ai proposé de la faire admettre à l'hôpital. Elle a opiné. À peine un hochement de tête. Elle venait de me rejoindre sur le chemin où je me trouvais déjà sans le savoir. Un chemin, au cœur d'une ville moyenne qui n'était pas la mienne, dans un petit pays loin du mien où l'on parlait une langue qui n'était pas ma langue maternelle, ni d'ailleurs la sienne. Un chemin où il y aurait beaucoup à progresser et encore plus à apprendre.
En quelques mois, Madame R. m'a précipitée dans le gouffre très opaque de la dépression; entraînée dans les vertiges peu ordinaires du retour à la vie; emmenée aux confins sauvages des maladies incurables; fait escalader les sommets toujours décevants de la rémission; laissé entrevoir les territoires mal circonscrits du coma; guidée sur les pentes mal assurées d'une agonie interminable, m'offrant, pas à pas, de réviser, en mode accéléré, mes cours de médecine, dont l'humain et la mort avaient été les grands absents. Elle a fait de moi le médecin que je suis, mieux que les sept années d'études et de stages de mon doctorat. Ce ne fut pas de tout repos. Et si j'ai beaucoup gagné, j'ai aussi perdu.
Au moment de rencontrer Madame R., j'étais mariée. Au moment de la porter en terre, je ne l'étais plus. Le ratage était en marche. C'était sans espoir de rabibochage. Il n'y a pas de traitement pour les maladies d'amour. La mienne était une pierre sur le chemin que j'avais choisi d'entamer à sa suite. Une pierre un peu plus grosse que d'autres, un peu moins lisse, un peu plus blessante.
Régine Vandamme . Professions de foi. Escales du Nord. Le Castor Astral. 2005.162p.
lundi, décembre 26, 2005
le rire comme ultime thérapie
Quel bonheur d'entendre cette personne de plus de quatre-vingt ans, en pleine lutte pour sa survie, prendre encore le temps d'échafauder une plaisanterie téléphonique pour rappeler à sa femme ce qu'il était et veut sans doute rester jusqu'à son dernier souffle : un être vivant, prêt à s'amuser de tout, fût-ce dans cette situation désespérée, parce qu'une journée sans rire est une journée perdue...Quelle leçon extraordinaire, et quel moment d'intense émotion.Merci, tout simplement, cher patient anonyme et merveilleux.
Joyeux Noël à tous.
Luc Vanwelde
samedi, décembre 24, 2005
Ces visages.
Ces visages de médecins, ces visages de patients
Dans l’ombre, ils étaient pour nous
Ils dormaient, ils dormaient tous.
Soudain, une porte s’ouvre
La façade de cette maison
S’illumine tout à coup d’un visage
Beau comme un fils qui lui sourit
Leurs yeux se parlent
Leurs mains se lèvent
Rencontres fugitives, immenses, joyeuses….
Nous sommes devenus riches,
Riches de savoir, de savoir faire, de savoir être
Ces visages si différents, si beaux, si tendres.
Ces visages, brusquement surgis, absorbent à eux seuls
La clarté ténue qui flottait jusque là
Autour des pierres, du sol, des toits
Décolorent à leur profit tout ce qui naissait graduellement de l’ombre
Ces visages…… on ne voit plus qu’eux !!!!
transmis par Nora Irda, écrit au terme du travail de groupe
après la rencontre d'un patient
mercredi, novembre 30, 2005
Au revoir Jean-Pierre
Merci pour votre témoignage émouvant.
Bien amicalement
CV