jeudi, avril 18, 2019


On demande des gardiens de phare.
"Vos mères vous ont dit que les phares sont là pour éclairer l'océan; n'en
croyez rien, ils sont là pour dire aux marins où ils sont."
On prête la phrase à Tabarly, qui tenait ces mots de son professeur de
navigation. La devise du marin au long cours disparu en mer peut nous
inspirer dans notre quête de définition de ce que sera le médecin
généraliste de demain. Un marin perdu est un naufragé en puissance, et
les gardiens de phare n'ont eu de cesse au fil des siècles de conquérir,
voire d'apprivoiser ces cailloux isolés et massacrés par les déferlantes. Ici
comme ailleurs, la machine a progressivement remplacé l'être humain, et
la présence rassurante pour les marins d'un homme, oublié comme eux
au milieu de la tourmente des flots déchaînés, se fait rare: si les phares
guident toujours les navigateurs, le plus souvent ils n'abritent plus de
gardien.
Quel rôle est appelé à jouer le médecin généraliste dans le futur, pour
quelles nouvelles fonctions doit -il être formé? Sera-t-il, comme ces
derniers "allumeurs de réverbères" maritimes, contraint à s'effacer
progressivement devant une technologie médicale de plus en plus
performante? Ou au contraire, modestement, contre vents et marées, être
à l'image de ces hommes qui inlassablement illuminent l'océan pour offrir
une route aux voyageurs et assurer une présence rassurante pour leurs
patients, oublié comme eux au milieu de la tourmente lorsque le corps se
dérobe et que les examens techniques spécialisés se multiplient. C'est le
rôle qu'a joué le médecin depuis la nuit des temps, mais force est de
reconnaître que la somme des contraintes risque d'éloigner
progressivement les disciples d'Esculape de leur fonction première.
Les témoignages, questions, confidences et doutes qui assaillent patients
et praticiens forment la trame des pages que vous allez découvrir. Lues à
livre ouvert, à coeur ouvert, elles vous permettront de découvrir
progressivement une profession qui s'interroge sur son avenir. La
reconversion est parfois rude pour ces hommes et ces femmes qui
croyaient qu'ils (ou elles) éclaireraient l'océan et qui acceptent bien plus
modestement de dire aux patients naufragés de la vie où ils en sont,
fonction tout aussi fondamentale à défaut d'être prestigieuse. Puissent les
réflexions suscitées par ces instantanés de vie, découverts au fil des
écrans, servir d'outil de communication et de découverte d'une fonction
souvent méconnue, parfois injustement décriée, réconciliant la technologie
médicale hospitalière et les artisans du possible que sont les praticiens de
première ligne.
CV
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