vendredi, octobre 07, 2005

Lettre à mon médecin .










Il est vrai qu'à un âge certain, il y a des jours douloureux et sans espoir. Il est vrai que par période, nous nous interrogeons sur les raisons de cette vie qui se prolonge, les raisons des souffrances que nous devons subir. Mais il y a tant de jours où la joie nous accompagne. La gentillesse et la visite de jeunes, pédicures, médecins, etc. Quel réconfort que l'amour des enfants et petits-enfants!.

Qu'est-ce que la médecine?
Je suis frappé qu'on doive se demander si la médecine générale a encore un sens. Toutes ces questions rejoignent le problème du rôle et de la signification de la médecine à nos jours. Y a-t-il une réponse unique? A mon médecin, qui est une généraliste, j'avais adressé il y a quelques mois les mots suivants, en suite d’examens qu'elle m'avait fait faire.

Chère X,
soigne ma santé, mais ne médicalise pas ma vie. La vie c'est faire face à la souffrance, à la vieillesse, à la mort. Ne m'empêche pas de souffrir, de vieillir, de mourir. Aide-moi à pouvoir y faire face, tout simplement. Nous sommes tous appelés à souffrir, à vieillir, à mourir.

Qu'est-ce que la santé en fin de compte? N'est-ce pas notre autonomie, physique et morale, le fait de pouvoir être et rester nous-mêmes? La santé doit pouvoir garder entier notre regard sur les choses de la mort et de la souffrance et non faire qu'on les élude.
Chaque année un prix Nobel de médecine est attribué. Est-ce la médecine qu'il récompense, ou la recherche biologique et la technique médicale qui s'ensuit? Quand verrons-nous attribuer le prix Nobel à un médecin de banlieue ou de campagne qui, au milieu des gens, les aide à vivre et à mourir? Cela aussi, n'est-ce pas faire progresser la médecine, autant que les travaux savants?

(courrier de lecteurs, Le Soir)