mardi, septembre 27, 2005

Rien qui cloche, docteur ?



Philippe

Il roule des yeux effrayés si mon stéthoscope s'attarde quelque peu longuement dans la région du coeur : quelque chose qui cloche, docteur ? et ne se montre que modérément rassuré quand je lui signale que tout va bien. Il n'aime que les petites consultations rondement menées, brèves rencontres monnayées juste pour la tension et les médicaments, tout le reste va bien docteur. Les prises de sang l'insécurisent, le passage sur la balance est précédé d'une longue confession des fautes alimentaires passées, il faut comprendre : il a fêté son épouse, l'anniversaire de sa fille, la victoire en coupe d'Europe de son club favori, il a fait chaud et il a pris quelques bières.

Il n'aime rien tant dans la consultation que le moment de la prise de congé assortie d'un encouragement bonhomme à poursuivre le régime. Il promet, rougit imperceptiblement de plaisir, me remercie avec effusion, si heureux de bien se porter qu'il reviendrait bien la semaine prochaine pour se l'entendre répéter une nouvelle fois. Il est court d'haleine, rouge écarlate dès le saut du lit, en sueur au moindre effort, il ne quitte son domicile qu'au volant de sa voiture mais peu importe : rien de fâcheux ne se dessine à l'horizon. Il n'est rien de si doux aux oreilles que la musique des bonnes nouvelles.

C. V.